01 juillet 2007

Du tragi-comique de piètre facture

Monsieur Albert B. (de groupe rhésus AB-) est l'heureux propriétaire d'un véhicule automoteur entièrement paré de vermeil et fièrement floqué d'un cheval cabré. Monsieur Bernard A. quant à lui (de groupe rhésus AB+) conduit une brouette sur roues jouxtée d'un appendice bubonique que l'on qualifiait jadis de remorque. Monsieur B. déménage, et entrevoit rapidement l'inadéquation de son biplace pour mener à bien la périlleuse entreprise. Aussi, dès potron-minet, Monsieur A. et Monsieur B. décident-ils d'un commun accord d'échanger leurs moyens de locomotion.
À peine une heure plus tard, à la croisée des chemins A et B, Monsieur B., malgré une advertance de tous les instants, entre en collision avec un bolide gymnastique de couleur écarlate. Au volant, Monsieur A., obnubilé par le pédigrée du cheval-vapeur, réalise à peine qu'il vient de percuter son propre tas de ferraille.
Messieurs A. et B., bien contents que les dégâts soient purement matériels, appellent les forces de l'ordre pour dresser un constat en bonne et due forme. Après 138 minutes d'explications intenses et 21 croquis (dont 3 en perspective cavalière), le gardien de la paix retient: «Au carrefour des chemins A et B,, Monsieur B. (de la partie A), au volant de l'automobile de Monsieur A., s'est engagé dans le carrefour en provenance du chemin B. À ce moment précis, issu du chemin A, Monsieur A. (de la partie B), au volant de la voiture de Monsieur B., s'est engagé dans ce même carrefour. La partie A (Monsieur B.) a alors tamponné le véhicule B, et par conséquent la partie B (Monsieur A.) a elle aussi tamponné son propre véhicule A.» Pour user de l'antistrophe, concluons (à raison) que ce polisson est inquiet.